lundi, mars 27, 2006
No protection...
Je voulais suivre les conseils pas brise-burnes pour deux cents de l'ACDR, mais Romanzo Criminale commençait trop tard (UNE séance pour tout Marseille...no comment...). Je me suis rabattue sur Truman Capote, un brin méfiante, le côté hagiographie en général me fait un peu ièche.
Bien m'en a pris. D'abord, ce n'est pas une bio qui aurait pour toile de fond boys and booze... le film se concentre sur le processus de création de In Cold Blood ( que je n'ai évidemment pas lu comme une tonta que je suis mais j'ai mis Amazon sur le coup). J'ai trouvé cela fascinant... Bien sûr, ma voisine d'accoudoir s'est endormie, mais je n'ai pas perdu une miette de ce film...Of course, j'ai été estomaquée par la composition de l'acteur principal, j'ai trouvé le type qui joue Percy Smith (l'un des deux assassins) génial, un peu William Dafoe, en plus jeune. Mais c'est surtout, le thème de la vampirisation qui m'a clouée. On voit en effet comment Capote s'est nourri d'un fait divers sordide pour créer " a non-fiction novel" qui a révolutionné la littérature US, a rencontré les deux coupables d'un quadruple meutre, leur a payé un avocat pour pouvoir gagner leur confiance, avant de les laisser tomber et d'ignorer leurs appels au secours à deux pas de la necktie party.
Le film n'épargne pas Capote, son cynisme , son égocentrisme et son alcoolisme mondain. Néanmoins, il démontre à quel point le processus de création est une épreuve sans fin. On comprend Capote qui en vient à souhaiter la mort de ses deux protégés afin de mettre un terme à cet accouchement. Il y a aussi un troublant jeu de miroir entre Smith et Capote, l'écrivain rencontrant un espèce de double de lui-même et dont il tombe manifestement amoureux. La scène la plus poignante est celle ou Percy décrit le meurtre. Le massacre a eu lieu parce que ce dernier ne supportait plus de voir la peur dans les yeux de ses victimes. Ce passage à l'acte en évoque un autre, celui de l'écriture, Capote écrit parce qu'il ne supporte pas le rejet dont il fait l'objet...Qui est le plus monstrueux des deux? Le vampire alcoolique au cynisme insupportable ou le meurtrier psychopathe au regard bouleversant? Le film, contrairement à ce que j'ai lu, n'enfonce pas Capote. La mort de Smith signe son propre arrêt de mort et lui aussi, paye pour ses crimes. Et puis après tout, en quoi est-il plus monstrueux qu'un Kubrick, un Hitchcock ou un Clouzot? N'ont-ils pas eux-mêmes vampirisé, maltraité, torturé, sacrifié leurs acteurs ou leurs proches sur l'autel de leur art ...ou de leur ego?
Qu'importe, les vivants passent, les oeuvres restent...si on est prêt à en payer le prix...c'est le message du film....allez le voir, il en vaut la peine....
Allez a little track before going to bed. (qui réunit mes deux amours, la musique orientale et la cold wave...fallait l'faire... a killing joke, indeed)
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