samedi, novembre 23, 2013

Le credo de l'assassin (Assassin's creed)

Un pur produit d'atelier d'écriture, écrire un texte théâtral à partir d'une image et d'une réplique. J'offre ma reconnaissance éternelle à qui saura débrouiller l'intertexte et décoder les références.

Image : Stanley Kubrick

Plateau nu. Edwina est en scène à la face, coté cour, l'air terrifiée. Derrière elle une toile où sont projetées deux silhouettes en ombres chinoises. La silhouette féminine ressemble fortement à Edwina, la silhouette masculine est armée d'un fusil, semble-t-il et tient la femme en joue. Le jeu des ombres durant la scène devra être être de type expressionniste et distillera une sourde angoisse qui ira en s'accentuant. En fond sonore The Animals de Kat Onoma qui s'interrompra aux premières répliques d"Edwina.
Edwina
Où est mon derrière? Pas sur le siège. S'asseoir n'est pas constitué si le derrière est en l'air.
Un temps. Derrière Edwina, l'ombre de l'assassin vise désormais l'arrière du crâne de la femme.

Edwina
 Pas de siège (se retournant). Pourtant mon derrière est bien derrière et mon manque d'assise renforce ma mentalité d'assiégée.
Se dirige à jardin, l'ombre de l'assassin se rapproche dangereusement de l'ombre de la femme. On perçoit un ricanement.
Edwina
Il y avait autrefois, ici, des parterres d'iris, des buissons d'aubépines, des bassins enchanteurs. Les jardiniers taillaient les ifs du labyrinthe. Aujourd'hui tout est enfoui sous la neige.
Ricanement, l'ombre de l'assassin fait désormais face au public. Edwina se retourne vers elle.
Edwina
De quelque côté l'on se tourne, on ne peut se détourner de Lui. Il m'a ramenée sur le droit chemin et marche désormais à mes côtés.
L'assassin pousse un mugissement de taureau. La silhouette de la femme se recroqueville terrifiée. La tête de l'assassin est désormais surmontée d'une paire de cornes.
Edwina
Derrière moi, se trame un drame mais je ne suis pas prête à partir les pieds devant, Révérend.
Soudain l'assassin fend la toile de ses cornes. Sa tête passe à travers. Son regard n'a rien d'humain.
Edwina
Jack! Tu es fou, tu n'as encore rien écrit aujourd'hui.
Jack s'avance en soufflant l'air par ses narines. Il s'avance vers Edwina très lentement alors que la musique reprend. Noir.

samedi, mai 18, 2013

PYGAR.

Design by Ivan Sly





Finist Fier Faucon Plume Bigarrée
Baiser parfum mangue
Sur le bout de ma langue
Sur la mienne quand ton goût la délie
Pleins et déliés
Langue sur la lagune
Langue de sable vient lécher l'île
Lécher mon IL
Tracer la boucle du L
de ton Elle
du double Elle
Prends moi sous ton aile mon île
Sous tes plumes d'ange
L'île est d'eau, l'eau pour IL
O Ys, mon île engloutie
Du haut de ma libido
Elle est l'ilôt de mon délire
J'adore ton histoire d'eau
De la mon eau, mon au-delà
Lorsque tu poses ta langue sur le haut
De mon clit, oh!
Dans la ola ou les olés
Je ne sais plus où elle est
Dans le combat ou la mélée
Je ne sais plus où aller
La pluie d'or tombe fort
Tes doigts sur le clavier, la plume sur le papier
Tes mots en moi , pénétrer l'oreiller
Dors et déjà l'aurore nous sort en dehors du silence d'or
Bouche d'argent, baiser
Les lèvres de mon bien-aimé
Ma joue sous son aile froissée
J'entends bruisser ses plumes, aile bigarrée
Etre ange, mon ange
Or je le sais d'ores et déjà,
L'oreiller est mon support
A ton port je m'attache
Je suis ton île mon IL, ta plume peut jeter l'encre.

vendredi, mai 10, 2013


Incisives Initiales
Atelier de mai, inspiré par Gherasim Luca.

Design by Ivan Sly

Calligraphier le nom, les lettres, les “l”, la boucle du “l”, du double “l”, du double elle, du double jeu, du double je.
Plume d'ange couchée, couchée dans ton lit, lis en moi, mords les mots, les maux de tête, les maux de dents.
Break a code, break a leg, casser le code du mode, du mode, du mot de passe, audace de ta langue quand tu suces le mot de passe.
Poussière d'ange, mordre la poussière, tracer les lettres, effleurer les mots.
Tomber comme une mouche, tendre bouche, bouche à croquer, bouche à manger, manger le mirage, manger le point G.
Manger, marcher, marcher, marcher, marcher sous la pluie, marcher sous la cascade, la cataracte, battre le pavé, marcher sous la pluie qui bat le pavé.
Répéter, répéter, répliquer la réplique, répliquant la répliquante
Fluides magnétiques, relais, terminaisons, désir synthétique, mémoire de la peau, de la plume, implants, implanter l empreinte de la langue déliée.
Oreille, oreiller, entendre, écouter les râles, les soupirs, les cris, mordre la peau, mordre l'oreiller.
Etre la, être à l'instant, être présente à l'instant présent, à présent être l'amant, être l'aimant, être le présent, être l'aimante, aimanter l'aimant, aimanter l'amante.
Se retourner, yeux révulsés, se retrouver devant l'arbre à thé, être à l'instant, être au présent, thé à l'amante, amante avide. Théâtre, mise en scène, scène de vie, le monde est une scène, une scène sacrée, une sacrée scène.
Aimanter le corps, aimanter le coeur, le coeur sacré, le corps tatoué, le coeur enlancé, enlace moi quand je meurs mon amant tatoué, mon amant élancé, élance moi, élance moi le corps, la plume dressée, tresse mon désir, désire ma détresse.

mardi, janvier 22, 2013

Deaf penalty.


Atelier d'écriture  :  polyphonie téléphonique.


Rien au monde ne le fera changer d'avis. Je ramasse mon jean, mon tee-shirt et mes bottes. Il y a longtemps qu'il s'est rhabillé. Il joue avec son Iphone. Je ferme mon blouson, prends mes clés, oublie mon sac, il me le fait remarquer. Il m'a devancée dans le couloir. Nous montons dans la petite voiture grise, claquons les portes sans échanger un mot. Mes doigts anesthésiés ont du mal à la démarrer. La pluie tombe en rideau, toujours pas un mot. Machinalement, il examine les boîtiers des CDs vides. Ses yeux sont transparents. Sur le pare-brise, des nappes d'eau s'abattent en cadence. Voilà, déjà la bouche de métro. Ma bouche à moi est close, mes dents serrées. Il est sorti en trombe, je démarre.

C'est moi, il est parti. Je te rappelle, je te réveille? Non, tu as réveillé Jérôme, rendors-toi bébé. Je suis désolée, il est parti, c'est fini. Quoi? Oui, c'est fini, il m'a quittée. Pour de bon, cette fois? Oui, oui, pour de bon, il ne changera pas d'avis, c'est fini. Mais la semaine dernière, il dit que c'est mieux, pour lui et pour moi. Comment tu te sens, je ne sais pas, je ne sens rien. Quel connard, il t'a jetée comme çà, sans préavis, non on s'est disputé toute la journée, il t'a baisée avant? Oui, quel connard, la classe intégrale, il arrive, il te saute, il te quitte? Attends, j'ai un double appel.


Le kit main-libre glisse de mes oreilles, la voiture saute de plaque d'égout en plaque d'égout. J'ai heurté un trottoir.


Putain, tu nous as réveillés, on savait plus ce qui sonnait dans la chambre. Il m'a quittée, quoi? Il dit toujours çà , il ne le fait jamais, la semaine prochaine vous êtes à nouveau ensemble, et puis tu voulais le virer, rappelle-toi, tu avais préparé le texto. Si c'est fait, j'ai un double appel, merde je me suis trompée de bouton. Qu'est-ce-que tu fous, tu m'as raccroché au nez, il m'a quittée, tu es où?
Je rentre, je vais à ma soirée, tu veux pas venir? Non, suis pas en état, quel connard, il te mérite pas. Tu nous a fait la peur de notre vie, appeler comme çà, tu veux venir dormir à la maison, tu veux sortir avec moi? On n'est pas là mais on est avec toi. Coupe les ponts, vire tout son numéro, son Facebook, son Twitter, son Viber, son Skype, ne le vois plus, tu as compris.

Je gare ma voiture, je reste assise sous le déluge. Mon blackberry vibre, un texto.

"J'espère que tu es bien rentrée."