dimanche, mai 20, 2012

Tristes Tropiques, poème pour un seul arbre.


Tristes Tropiques


Longtemps, je me perds dans les forêts de pluie.
Remontant l'Orénoque, le Rio Negro et l'Inini.
Pluies sans répit sur mon âme endormie.
Des nuits d'insomnie, à guetter l'appel de l'Amazonie.

Murmure, flûte mélancolique, dans la forêt de pluie
Jungle dans ma tête, réalité que je fuis.
Fleurs, troncs, feuillages,
S'écartent sur mon passage.

Ma pirogue glisse sur le Maroni,
Nuit, grenouilles, insectes, tapage
Coque qui fend les eaux sombres
Trempée par la pluie sans relâche.

L'eau comme de l'encre et la cascade si blanche
Avant de se lâcher dans la vasque, enfants se tenant aux branches
Plonger dans l'onde et ne jamais remonter
Couler à pic dans les flots noirs de l'oubli

La forêt est verte comme la pluie
Feuilles, mousse, troncs, arbres
Chercher un arbre, un seul arbre, un nid
Un tronc solide, territoire infini

Pluie, magie, chamane aux yeux pers
Je suis singe hurleur au loup de soie
De la cime de l'arbre, au fond de la selva
Un gouffre de jade, un cenote aux reflets verts.

Vert de jade et gouffre amer
De la cime de l'arbre, mon âme à l'envers
Sacrifice, danse et magie
Mon coeur coule dans le Maroni.

Longtemps, je me perds dans la forêt de pluie
Singe hurleur, masque de soie, foudroyé
Danses, incantations, magie
Plonger, tournoyer, se noyer.

Dans le vert jade, le cenote
De ses yeux, ne jamais remonter.
Couler à pic, oublier la douleur
La forêt me perd, reste la couleur.



1 commentaire:

Unknown a dit…
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