Bon j'ai enfin appris à faire des Haikus, selon les règles de l'art. Donc voilà un instantané de mon après-midi!
Je vous souhaite tout le bonheur du monde.
Au Parc, dans l'allée
Canards, vacarme, plonger
Plouf! Bon bout d'année!
dimanche, décembre 30, 2012
vendredi, juin 15, 2012
El Atlal : Les ruines.
Je ne vis plus.
J'ai reçu cet email
de quelques mots Ne viens pas, je n'ai pas de sentiments pour toi,
je ne répondrai plus.
Tu mens, tu mens
comme tu respires, je ne sais pas pourquoi. Cà n'a jamais été
fini, raisonne tant que tu veux, je ne te crois pas. Je te le répète,
il n'y a que toi, que toi je ne pense qu'à çà, je ne pense qu'à
toi, je me fous du reste, tu peux me dire d'aller me faire voir tant
que tu veux, je m'en fous. tu peux bien faire le malin, je sais bien
que quelque part tu m'aimes encore . Et tu peux pas me laisser comme
çà, c'est pas possible.
Ma
douleur est immense, j'ai l'impression que mon être entier s'est
décomposé. Mon coeur a explosé dans ma poitrine en fleurs de sang.
Mon coeur s'est brisé. Elle est étrange cette expression, tellement
cliché, c'est un briseur de coeur, la petite sirène sentit son
coeur se briser. Et pourtant, je les sens, je sens les morceaux
épars dans mon sein gauche et la douleur est insupportable. Une
angoisse insurmontable m'étreint, une lame de fond qui ravage tout
sur son passage, me soulève comme un morceau de bois flotté et me
jette sur le lit, le corps secoué de sanglots incoercibles. J'avais
cru, j'ai cru, tellement, tellement pouvoir faire ce que je voulais,
invincible derrière mon écran, protégée par ma carte bleue, mes
euros et mes certitudes. Je commence à peine à voir mon erreur, mon
aveuglement. Personne, personne et moi y compris, ne peut
s'affranchir des lois tyranniques et inconnues qui dirigent nos
destins. Qu'est-ce que j'ai cru? Je n'irai jamais au Maroc, je ne le
verrai jamais je ne saurai jamais quel goût à sa peau, quel odeur
est la sienne. Mon amour ne passera jamais en trois dimensions.
Et
que me reste-t-il à présent? Quelques photos de plus à contempler
: une pose devant une porte décorée d'arabesque, une autre à une
table dans un patio et puis c'est tout, c'est tout, c'est tout, il
n'y a plus RIEN, rien, bordel, plus rien. Je ne peux que me noyer
dans la contemplation de ces traits adorés, incapable de couvrir sa
photo de baisers puisque tout est sur mon écran, tout est virtuel,
rien n'est réel, rien n'est palpable, tout est fugace. On pouvait
s'aimer dans ce no man's land, ça oui mais dans la vraie vie, non,
non, non, il le savait et IL LE SAVAIT dès le début. Mon coeur, mon
Dieu, mon coeur que çà fait mal, c'est pas possible, je vais en
mourir, je vais crever là sur ce lit.
dimanche, mai 20, 2012
Tristes Tropiques, poème pour un seul arbre.
Tristes
Tropiques
Longtemps, je me perds dans les forêts
de pluie.
Remontant l'Orénoque, le Rio Negro et
l'Inini.
Des nuits d'insomnie, à guetter
l'appel de l'Amazonie.
Murmure, flûte mélancolique, dans la
forêt de pluie
Jungle dans ma
tête, réalité que je fuis.
Fleurs, troncs,
feuillages,
S'écartent sur mon
passage.
Ma pirogue glisse
sur le Maroni,
Nuit, grenouilles,
insectes, tapage
Coque qui fend les
eaux sombres
Trempée par la
pluie sans relâche.
L'eau comme de
l'encre et la cascade si blanche
Avant de se lâcher
dans la vasque, enfants se tenant aux branches
Plonger dans l'onde
et ne jamais remonter
Couler à pic dans
les flots noirs de l'oubli
Feuilles, mousse,
troncs, arbres
Chercher un arbre,
un seul arbre, un nid
Un tronc solide,
territoire infini
Pluie, magie,
chamane aux yeux pers
Je suis singe
hurleur au loup de soie
De la cime de
l'arbre, au fond de la selva
Un gouffre de jade,
un cenote aux reflets verts.
Vert de jade et
gouffre amer
De la cime de
l'arbre, mon âme à l'envers
Sacrifice, danse et
magie
Mon coeur coule
dans le Maroni.
Longtemps, je me
perds dans la forêt de pluie
Singe hurleur,
masque de soie, foudroyé
Danses,
incantations, magie
Plonger, tournoyer,
se noyer.
Dans le vert jade,
le cenote
De ses yeux, ne
jamais remonter.
Couler à pic,
oublier la douleur
La forêt me perd,
reste la couleur.
mardi, mai 08, 2012
Rendez-vous à Queen's Court.
Une
gare du nord de l'Angleterre, un soir d'été.
Du
monde, beaucoup de monde, le quai est long. A la sortie, il faut
remettre son billet dans la machine.
Un
garçon brun m'a hélée, pas très grand-pantalon beige, veste
indistincte qu'il a du mal à fermer. .
Je
passe directement sans le regarder dans les yeux. J'emprunte un
tunnel pour sortir de la gare. Briques rouges, carreaux blancs.
Il
est tard, bien plus tard que vingt heures.
Subway
vide, flickering light, lumière
tremblotante du néon. Ne suis pas seule, je le sens, une étrange
mélodie émerge dans ma tête.
Midnight
in the subway
She's
on her way home
She
tries hard not to run
But
she feels she's not alone.
Si
tu le fais, n'aies pas peur.
Echoes
of footsteps follow close behind
Des
pas font écho, juste derrière moi.
But
she dares not turn around.
Je
n'ose pas me retourner. Pourtant, je sens un souffle dans mon cou.
Puis un murmure : "Tu me reconnais?"
Je
réponds "Non." et je sais que je mens. Si je me
retournais, je sais très bien ce que je verrai. Des yeux noirs en
amande, un sourire et des dents blanches.
Je
ferme les yeux et je pars en courant droit devant moi. Je sors de la
gare et je me rue au hasard. Je croise des filles-miniskirts
paillettées, stilettos , tee shirts hen's night party -des
hommes en cravates, des familles entières du grand-père à la
petite fille, également tatoués, édentés, abreuvés, attablés
aux beer gardens des pubs.
Je
m'engouffre dans une cour pavée. Sous le porche, des travestis en
boa, des garçons- shorts en jeans moulants, doc marten's , des
chicks sorties tout droit de "the L Word"-bracelet
de force et débardeur
Calvin Klein. Tout le monde fume, tout le monde boit : des pints,
des shots, des bottled beer, des premix teintés
de bleu et de rose. On commande les drinks par trois ou
quatre pour éviter la queue monstrueuse au comptoir. Au dessus de
ma tête des guirlandes d'ampoules colorées, accrochées aux balcons
de ce qui a du être une rue commerçante du Leeds au début du
dix-neuvième . Des gens s'y trémoussent et y trébuchent, de la
musique électro s'échappe des bars aux noms très vingt et unième
: Fibre, the Loft, the Pink Pounder.
Les basses m'envahissent, me prennent aux tripes et me retournent, le visage écrasé au ciel.
Universe
is full of stars
Nothing out there looks the same
You're the one that I've been waiting for
I don't even know your name
Nothing out there looks the same
You're the one that I've been waiting for
I don't even know your name
Des
bulles, des confettis et des ballons. La nuit au dessus, les étoiles,
c'est l'été, peut-être même le solstice, il fait presque chaud.
Je ne sais pas où me tenir où plutôt je tiens toute seule,
écrasée, compressée, bousculée, les pieds mouillés par les
verres qu'on renverse. A terre des flyers réduits
à l'état de bouillie sur les pavés annoncent : "Drinks
£1 all night long".
Je
me recule, encore pour me retrouver sous le porche de briques rouges.
Le mur porte le nom du lieu où je me trouve « Queen's
Court ».
Le
souffle à nouveau sur ma nuque, je me retourne et il est là sans
même que je l'ai vu ou entendu venir. Il s'est déplacé à la
vitesse de la lumière comme un vampire de Mystic Falls.
Il approche son visage du mien, je croise son regard, l'un de ses
iris plus foncé que l'autre.
Je
m'entends murmurer "Un oeil pour ton père, un oeil pour ta
mère."
"La
mémoire te revient, on dirait." c'est ce qu'il me répond.
"Tu
m'as déjà dit çà?"
"
Non, pas à toi."
"Alors,
à qui?
"A
elle, je lui ai dit à Elle, la fille de l'aéroport de Marrakech.
Elle avait pris l'avion, elle était venue me rejoindre là-bas. Elle
ne me connaissait pas, elle avait juste fait l'amour avec moi sur
internet."
Les
basses des musiques électroniques se sont calmées. Il est une heure
du matin, c'est l'heure du chill out et
de la musique lounge.
La foule de Queen's Court se
disperse peu à peu.
Son
regard se porte au delà du porche, vers les rues pavées de la ville
qui descendent vers la rivière.
Je
l'entends souffler.
"Elle
est venue, je ne l'aurais pas cru. Qu'est ce que tu voulais que je
fasse? J'habitais chez mes parents, on pouvait pas aller à l'hôtel.
Alors, je l'ai cachée dans un appartement du Guéliz.."
"Et
tu retournais la voir en douce dans la journée, à la
pause-déjeuner.. et puis aussi le soir...tu te tirais par le porte
de derrière."
"Non
par la terrasse."
Par
la terrasse, oui. Tu ne te changeais même pas, tu as porté le même
pull à rayures et le même jeans pendant trois jours."
"
La mémoire te revient donc. A ton âge, on n'est pas amnésique?"
"Et
au tien, petit con, on est quoi? Quel âge as-tu donc maintenant?"
"Quatre
ans de plus, trente ans...tu te souviens maintenant?
Nous
marchons désormais dans les rues, vers la rivière Leith.
L'humidité poisse l'atmosphère, il fait froid. Ses pas se font plus
légers, sa présence se dissout par instant à mes côtés.
Oui,
maintenant je me souviens, les trois nuits qu'elle a passées avec
toi, et les quatre jours à t'attendre dans cette chambre du Gueliz.
Elle regardait la télé toute la journée, les clips avec les belly
danseuses de la télé turque, leurs paillettes et leurs perles. Vous
êtes allé danser vous aussi au Comptoir Paris-Marrakech. Il y avait
une chanteuse libanaise, en rouge étincelant, elle chantait aux
tables du restaurant, des airs pleins de habibis et de hayatis. Le
prix des consommations, 80 dirhams, t'avait fait dresser les cheveux
sur la tête. Le lendemain soir, de toutes façons, dans un club
beaucoup plus cheap, où les tabourets zébrés en poils synthétiques
avait remplacé les kilims, on avait refusé de te servir de l'alcool
car c'était le Nouvel An marocain. Elle avait payé son verre,
d'ailleurs, un mojito quasi halal, avec beaucoup de menthe, de sucre
et très peu de rhum. Elle s'était étonnée d'y voir des filles,
très jeunes, très minces dans leurs jeans, presque des lycéennes.
Elle te les avait désignées du doigt et tu avais répondu,
méprisant, que les putes c'était pas ton truc. Vous aviez dansé
sur "Maldon'" des Zouk Machine. Il y avait un autre couple,
des jeunes, des français, elle les a retrouvés dans l'avion le
lendemain, elle ne savait pas qu'elle ne te reverrait plus.
Qu'est
ce que j'en savais qu'elle prendrait tout ça au sérieux? Comment
peut-on débarquer, comme ça dans la vie des gens? Moi, je voulais
pas rester au Maroc. Enfin, pas comme ça, sans boulot, sans rien.
J'ai pensé à un moment l'épouser puisqu'il n'y avait pas d'autre
moyen de s'en aller. Je lui disais "Epouse-moi. Donne-moi une
fille qui te ressemble.". Mais, il y avait l'autre, l'anglaise,
je l'ai connue bien avant. C'est avec elle que je me suis mariée. . C'est là que je suis
maintenant, ici, il pleut tous les jours, j'ai quitté
l'anglaise après lui avoir fait un enfant. Je bois
le samedi soir au pub, je grossis et je regarde la pluie tomber.
Qu'est ce qu'elle est devenue, tu le sais?
Rien,
elle n'est rien devenue. Un jour, j'ai fermé le fichier Word qui
portait ton nom et elle a disparu. C'est ton tour ce soir, tu as
quelque chose à dire avant?
Nous
arrivons au bord du fleuve. Les quais sont éclairés, il flotte un
parfum de vacances et de paix, des étudiants, cheveux longs, chemise
ouverte, jouent de la guitare.
Je
voulais dire que ce n'était pas ma faute.
"Oui,
je sais, c'est la mienne. Désolée pour vous deux." dis-je,
avant de le pousser à l'eau.
vendredi, mai 04, 2012
Scène de la vie conjugale (ou pas)
Marseille, un soir de mai...
Antoine, la cinquantaine flamboyante, BHL style, est féru de littérature, d'opéra et de séries TV haut de gamme. Adeline, 35 ans, aime les sandales compensées et le vernis à ongles jaunes.
Antoine a séduit Adeline après trois semaines d'approche, toute en French Touch, très classe. S'en sont suivis quelques jours de frénésie sexuelle bien compréhensibles. Mais ce soir-là, après avoir apprécié le lyrisme de Don Juan en DVD, l'atmosphère se charge un peu de nuages.
« Bon
allez, on va un peu changer de Don Juan, hein Toinou! On va sortir un
peu, ailleurs. »
Elle
avait raison dans un sens, les murs du salon semblaient s'être
rapprochés. Le plafond lui-même était sur le point de leur tomber
sur la tête.
« Don
Juan, tu parles, bonjour le pansement! Tu ne veux jamais sortir,
toujours enfermé avec tes bouquins et tes DVDs! En plus, t'as même
pas un vrai film là-dedans! Jean-Louis Godard, non mais vraiment, y
a que toi pour regarder des trucs pareils! Viens, ma copine Natacha
fête son anniv à « la Casca. » On va y aller, moi je
craque! »
Antoine
pensait confusément qu'il n'avait aucune envie d'aller à cet
anniversaire et surtout pas de prendre sa voiture pour aller en
ville. Et puis, elle exagérait, avec l'âge, ses goûts étaient
beaucoup plus mainstream.
Il songeait avec envie à la saison sept de Desperate
Housewives
qu'il avait téléchargée de façon totalement illégale et qui
dormait dans son hard
disk
préféré.
Mais,
il n'était pas question de s'opposer à Adeline, il fallut donc
céder. Il hésita un instant, faillit lui dire dire d'y aller toute
seule puis se ressaisit, à l'idée qu'elle se fasse draguer de façon
éhontée par un jeune con aux dents longues et à l'haleine fraiche.
C'était
samedi soir donc, Antoine sortit sa voiture du garage. En Marseillais
averti, il n'envisagea pas un seul instant d'utiliser les transports
en commun, qui desservaient pourtant le centre-ville jusqu'à une
heure du matin. Personne de sa connaissance ne semblait encore avoir
osé les emprunter dans ces circonstances.
La
jeune Sonia, qui ne brillait guère par son originalité, avait
choisi de fêter son anniversaire au restaurant "La Casca",
dont les spécialités de tapas faisaient les délices des
trentenaires boboisants. Ce lieu était idéalement situé à une
centaine de mètres de la place Jean Jaurès, plus connue sous le nom
de la Plaine, où il gara sa voiture non sans mal. Il négligea le
parking du Cours Julien, horriblement cher et recelant des spécimens
de cafards d'une taille peu commune en Europe. Il renonça également
à celui situé sous la Plaine, désertés par les êtres humains et
qui réveillait en lui des cauchemars claustrophobiques. De très
aimables dealers les suivirent de leur yeux rouges, tandis qu'ils
enfilaient la Rue Ferrari en se faufilant entre les crottes de chien
et les poubelles débordantes. Le trottoir était trop étroit pour
leur permettre de se tenir côte à côte et Antoine se vit contraint
de trottiner derrière Adeline qui marchait à grands pas en pérorant
sur le célibat persistant de Sonia à plus de 35 ans.
"Pas
étonnant, d'ailleurs, avec cet espèce de vieux toujours pendu à
ses basques..."
Antoine
sursauta
"Quel
vieux?"
"Ce
vieux, là, Bigorneau, quel con ce mec! Lâchera jamais sa femme. L'a
perdu sa baraque à Veleaux pour le premier divorce, lâchera jamais
celle de Ventabren pour le deuxième!"
Antoine
tint sa langue, Adeline poursuivit.
"Et
puis quel obsédé! Il passe son temps à la coincer dans son bureau.
Il arrive pour un oui pour un non, avec des dossiers bidons pleins
les bras, elle a juste le temps de tirer le loquet et houp! sur la
moquette. Sur le bureau, elle veut pas hein, elle a peur de flinguer
l'ordi, mais lui tu parles çà l'excite, l'autre. C'est DSK à la
sortie de la douche ce mec!.Vraiment ces types mariés, c'est rien
que des lâches et des obsédés. Moi, ces gens qui pensent qu'au
cul, çà me sidère."
Antoine
sentit une sourde migraine lui vriller les tempes, il regrettait
amèrement sa soirée disque
dur mais il était trop tard, la porte de "la Casca" leur
faisait face. La mise élégante du physionomiste contrastait avec
les trottoirs poisseux et les relents de graillon, échappés d'une
bouche invisible.
"Vous
avez une réservation? " jeta-t-il dédaigneusement.
Antoine
faillit lui répondre qu'on n'était ni à New York, ni à Paris, que
sa gargotte délivrait des tapas douteux et du vin de cubi pour une
addition moyenne de trente cinq euros . Il songea vaguement à
appeler l'hygiène le lendemain puis se résolut à boire le calice
jusqu'à la lie. Ils franchirent donc le rideau rouge et
s'imprégnèrent de l'atmosphère travaillée sur le mode empathique.
Fauteuils clubs aux accoudoirs de cuir usé, tables bancales, kilims,
chandeliers et bougies à profusion les attendaient. La dernière
pensée consciente d'Antoine fut qu'il se trouvait dans l'antichambre
de l'enfer...
Merci a André de m'avoir prêté ses personnages.
vendredi, avril 27, 2012
Haute Fidélité?
Et n'oubliez pas HOT FIDELITE c'est ICI ET NULLE PART AILLEURS;
Haute fidélité?
Je fais de tout..un peu, parfois bien, parfois mal, mais jamais à fond, que ce soit dans un sens ou dans un autre. Je suis plutôt douée pour imiter, alors çà passe...j'imite l'accent des présentateurs BBC, la voix de Jeanne Moreau, je pique à ma soeur sa recette de moelleux au chocolat et à Brigitte Bardot, son chignon-bordel.
Je suis de taille moyenne, ni moche, ni belle. Ha oui, je suis aussi une "blonette", ni blonde, ni brune. Je suis "the girl next door", average est un bon adjectif pour me décrire, dans la moyenne.
Ni trop barrée, ni trop rangée. Je ne fais rien de mal mais rien de bien non plus.
Il y a quand même eu une activité constante dans ma vie, c'est la danse : toutes les danses d'ailleurs. Ce n'est peut être pas pour çà que je suis le plus douée, je suis gauche, j'ignore ma droite et je suis incapable de la moindre représentation dans l'espace. Si on teste mon QI, je pense que je suis entre l'huître et la mouche.
Toutes les danses à la mode furent donc par moi pratiquées, avec plus ou moins de bonheur. Mais c'est un fait, j'adore danser, j'adore la musique et puis surtout, surtout, j'adore les musiciens. Cà ne m'a pas toujours porté chance : un air entraînant Khaled ou Salif Keita au choix, un type aux yeux de braise ou d'océan au choix ( oui, je suis moyenne jusque dans mes métaphores), un mojito ou un daiquiri vanille, il ne m'en faut pas beaucoup, voilà je suis partie, je suis foutue.
Un exemple au hasard, enfin là, y avait pas encore de musicien mais c'était déjà gratiné. J'ai vingt ans, je débarque à Londres dans une YMCA où se mêlent des tas de gens. Là BAM!,je tombe sur ce grand irlandais sublime, Damien (prononcer Dei-mien). On l'aurait dit sorti tout droit de l'océan, d'Ys engloutie ou d'Avalon, il m'aurait qu'il s'appelait Galahad et qu'il était le fils de Vivianne, je l'aurais cru. Teint de lait piqueté de bleu, pull en bouclettes d'Aran. BAM! Il fonce vers moi, j'entends You're Unbelievable d'EMF craché par les hauts-parleurs du lounge. Et là, je suis raide-dingue, amoureuse voilà comme çà BAM! Et vous savez pourquoi? Parce que pour une fois, le type le plus craquant de l'assemblée, le hunk of the month, est pour moi! Plus tard, je me retrouve dans sa room ten thirteen, avec des O'Rourke, des O'brien et des O'Machins à fumer des joints. Ils m'exhibent avec fierté une rubber bullet, une de ces balles en caoutchouc que l'armée de sa Gracieuse Majesté tirait sur les manifestants nationalistes en Ulster. La taille de l'objet me fait tomber encore plus profondément amoureuse de lui, je le trouvais fort et courageux. Amoureuse dingue que j'étais, prête à aller m'enterrer à Cork avec lui, à élever des putains de moutons sous la flotte, et Dieu sait y flotte plus qu'à Londres dans son bled. J'étais même prête à brailler Ellis Island dans les pubs et à reprendre le refrain.
This is the last call for Ellis Island/ These are the last words I ever hear you say
"Voilà les derniers mots que je t'entendrais prononcer;" et bien les derniers mots ont été : Beat It, casse-toi pauvre conne, il m'a jetée ce son of a bitch, dès que de nouvelles françaises se sont pointées dans la YMCA,Don't leave me now l'ai je suplié, en écho à la chanson de Supertramp mais tu parles, Nevermind the bollocks, OUT la Frenchie in the pouring rain, comme il se doit.
Bon, après çà, tu crois que la fille est guérie, qu'elle se dit "Bon, fini les conneries, écoute un peu ta mère et les bonnes gens, trouve-toi un gentil gars et arrête de courir après des blousons noirs, des voyous, des dealers, des homos refoulés et des révolutionnaires à la noix."
Les gens ont rien compris, c'est pas après les hommes que je cours, c'est cette foutue musique qui me met dedans a chaque fois.
Dix ans plus tard, je réalise que le modern-jazz, c'est plus vraiment de mon âge et que m'accrocher encore devient pathétique. Partout dans Marseile, ma dirty old town à moi, des flyers pour des cours de danse orientale. Ni une, ni deux, je me ruine en tenues à sequins qui se détachent au moindre pas de chameau et je me paye le stage en "Rêve d'Orient" à Marrakesh avec le grand Zaza Hassan. Au bout de deux jours, délestée de 1200 euros et lassée de me faire désigner par le Maître sous le nom de Meryem (sobriquet dont il affuble les 150 participantes au stage), je me réfugie au bar de la piscine. Après avoir commandé un thé à la menthe, je me prends à rêver à une journée de paresse dans les vapeurs du hammam et puis je le vois, LUI, négligemment accoudé. Boucles noires en astrakan véritable, yeux de fauve de l'Atlas en voie d'extinction, dents resplendissantes et haleine de réglisse Saveurs du Soir. Oeillade veloutée numéro 22 bis, je me retourne pour voir s'il n'y a pas Gisele Bundchen derrière moi. Négatif, je suis officiellement en train de me faire draguer. On danse sur un ersatz de David Guetta, remixé à la derbouka. Je lui hurle aux oreilles des questions qu'il ne comprend pas, hé bien, tant pis après tout, j'ai dix ans de plus, sa vie de péquenot de l'Ourika, je m'en tasse et pas qu'un peu. Je bois des mojitos sous-dosés, à croire qu'il faut être millionnaire (pas en dirhams) pour se biturer un minimum dans cette ville. J'en bois quand même assez pour me retrouver dans son lit. Remarque, j'ai pas regretté le voyage, oula, non, taillé comme un statue de la Grèce Antique qu'il était ( les Grecs ont envahi le Maroc non?), des abdos tout chocolat, des fesses comme des melons et une peau parfum caramel beurre salé s'il vous plaît. Et bien, je tombe dans le piège à gazelle, vous le croyez? Pourtant c'est pathétique de se taper le Géo local, qui pige walou en français, tout çà parce qu'on est seule et qu'on s'ennuie. On se jure de se revoir, je lui envoie deux mails auxquels il ne répond pas. Khlass, terminé.
Dix ans passent, vie normale de girl next door, peu de sexe, beaucoup de city et du boulot par dessus le brushing. La musique vient de temps en temps me gratouiller et me chatouiller. Je me mets à la danse africaine. Là je me dis, ouf pas de danger, les nanas sont des thons, il faut dire ce qui est, poil aux pattes et aux aisselles, et puis la salle de danse PUE la sueur au bout d'un quart d'heure, bienvenue au Carmel. Hé bin, vous savez quoi? Y a des MECS dans les cours. Oh c'est sûr, ils n'ont rien de bien folichon à première vue, portent des jeans pourris, des pulls informes et roulent de pitoyables clopes mais ce sont des Djembe Fola, ma bonne dame, des musiciens. Le djembé, c'est à la mode, vous tomberez toujours sur un couillon plein de ganja, qui tapote vaguement sur la plage en se croyant seul au monde mais en jouer vraiment, correctement, c'est une autre histoire. Pour faire danser, il s'agit de tenir la cadence et je vous garantis que çà chauffe dur dans la salle. Au début le Djembe Fola, arrive les doigts gourds, insensibles à force de taper. Il est habillé comme un vieux tas de chiffons sales et on le calcule même pas. Et puis petit à petit, il cale son jeu sur les pas des danseuses, il lance ses appels de plus en plus fort et il fait quarante-cinq degrés au mois de Janvier. Cà pue de plus en plus, chaque appel fait monter la sauce, le rythme vous chope le cerveau et vous vous barrez très loin. Et là, juste avant de décoller, vous jetez un oeil et le Djembe Fola a viré son pull de clodo et il est torse-nu! Alors là, accrochez-vous les filles, parce que c'est du lourd, des bras de Djembé Fola. C'est pas des bras de cake qui soulèvent de la fonte, non...quelle que soit la couleur du type, les muscles sont tout fins, gonflés juste ce qu'il faut avec des veines terribles...impossible de ne pas craquer. En plus, quand vient la fin du morceau, le summum c'est d'aller chauffer les percus en leur collant les fesses sous le nez. Plus les musicos augmentent la cadence, plus les fesses tremblent sous les pagnes, jusqu'au coup final, je vais pas vous faire un dessin sur l'étendue du symbole.
Je suppose que tout le monde a deviné, j'ai craqué pour le Djembe Fola aux cheveux poivre et sel et aux bras d'acier. Il avait la peau douce comme celle d'une fille et de vraies mains d'or, très douées pour les massages, d'ailleurs. Il avait juste un peu oublié de me dire qu'il était marié, ce con. Il m'a juré 20 fois de la quitter, au bout de la 21ème, c'est moi qui suis partie. Sur son mur Facebook, j'ai posté une chanson de Madonna
Please, don't say you're sorry.
I've heard it all before.
And I can take care of myself.
Madonna ou Lady Gaga, tiens j'irai danser à la Gay Pride, demain, aucun risque comme çà...quoique...je me souviens d'une fois...
mercredi, avril 25, 2012
Marseille, Bouche de Vieille.
Ballade vaguement inspirée par la chanson éponyme de Leda Atomica.
Résilles déchirées, la nuit fut
agitée
Ce client mal rasé ne voulait pas
payer.
Rues étroites
Passerelles de fer
Ouvrages improbables
Hérissés de barrières
Maisons vagues
Marches lisses
Odeurs de pisse
Attention, ça glisse!
Descends la rue Estelle
Mais oublie tes escarpins
Deux pieds, pas de freins,
Marseille...oh, bouche de vieille!
Et combien tu prends, chérie?
Trop cher pour toi, bébé,
Faut dégager!
Rue Saint Ferréol
Méfi!
La cagole
Que tu croises
Peux te chercher des noises
« Pourquoi vous me regardez?
Je vous fais marrer? »
Rue d'Aubagne
En pantoufles
Pyjama a nounours
T'apostrophe la jeune Gitane.
Baisse les yeux,
Regarde tes pieds
Cageots, crottes de chien, oranges
pourries.
Pizza rella-figatelli
Avalée chez Sauveur
Le lycée, tour à l'heure.
De temps en temps, une boutique
branchée,
Ou un sauna gay,
Sex toys fluos en vitrine
Te fait croire que ta ville a changé
Mais Marseille a l'haleine chargée.
Marseille...Oh, bouche de vieille
Et combien tu prends, chérie?
Allez, zou va-t-en!
Interdit aux enfants!
samedi, avril 21, 2012
Dexter : I'm a father, a son and a serial killer
Une petite vidéo explicative du Code de Harry.
Un texte écrit lors des ateliers de la semaine noire à l'Alcazar, il y a un an. Autour du personnage de Dexter, justement.
"Ca me dépasse."
La nuit, la nuit de Floride,
épaisse comme du sirop, nous enveloppait. Au dessus de nous, très
haut dans le ciel flambaient les étoiles. Une lumière diffuse se
répandait sur notre bateau, bercé par le chant des grillons et le
croassement des crapauds.
Mon esprit se détacha alors
de mon corps, et je me mis à survoler les everglades,
rapide et léger comme une libellule. Je slalommai entre les grappes
de roseaux, avant de plonger dans les eaux vaseuses de la mangrove.
Je nageai un moment et malgré la visibilité réduite, je les
aperçus. Ils étaient bien là, les cinq sacs poubelles noirs,
proprement fermés et nettement alignés. Mon souffle se précipita
alors et je m'emparai du plus petit d'entre eux. Je bataillai un
moment avec le lien solide, tentant de l'arracher avec mes dents
avant de l'éventrer avec mes ongles.
La tête
était bien là, coupée net, bien proprement au ras de la mâchoire.
La peau, parcheminée, semblait sur le point de se détacher comme du
poulet frit. Le haut du crâne disparaissait sous une espèce de
toque de pourriture, mousse et cheveux mêlés. Elle semblait avoir
séjourné un long moment dans l'eau. Je la saisis alors et croisait
le regard vitreux de Harry.
Je
sursautai.
"J'ai
peur" murmurai-je, sans en avoir vraiment conscience.
"Je
sais, Dexter." répondit Harry bien vivant à mes côtés. "
Tu as déjà eu envie de tuer d'autres êtres vivants, son,
des humains par exemple?"
La tête tranchée et les
orbites décolorées de Harry.
"No, Sir."
mentis-je.
"C'est
bien, son, c'est que
le poison n'a pas encore fait son chemin dans ton esprit."
Mon
esprit était alors concentré sur Oliver Logan, oui, cet imbécile
qui ne cessait de m'interpeller dans les couloirs du collège.
J'entendais sa voix résonner dans ma tête.
"Hey,
Dex, you, freak! Y'know, you're a damn freak, fuckin' scary, man!"
Un red
neck qui sortait avec une cheerleader encore plus idiote
que lui, le genre blonde born again, officiellement réticente
à toute relation charnelle hors mariage mais officieusement
pratiquante de rapports anaux et buccaux dans le jacuzzi de ses
parents.
J'ai
pensé que ce serait bon de les avoir tous les deux sur une paillasse
de dissection comme le crapaud du cours de biologie. Il serait
intéressant de soustraire leurs extrémités une par une et
d'observer leurs réactions, voir les nerfs bouger même sectionnés
et peut être même leur coeur battre hors de la cage thoracique,
comme celui d'un batracien.
C'est
alors que je sentis mon sexe gonfler entre mes jambes. Mon visage
s'empourpra et je détournai mes yeux de ceux inquisiteurs de Harry.
"Tu
m'as rassuré, son, mais si jamais, tu avais une de ces
pulsions, viens m'en parler. Il y a peut-être un moyen de les
contrôler."
"Yes,
Sir" dis-je.
Harry
lança le moteur Evinrude du bateau.
lundi, avril 09, 2012
En plein dans l'Haiku
Dois tu tuer tes chances pour voir que tu es une meurtriere ?
Au Preau des Accoules
Plus moche la vie
Dream the dream
Dirty old town
Au Panier maintenant
Ma tristesse pue la vie
Graffiti, incompris.
Du ciel, de l’eau
De la pierre et du fer
Le monde flotte comme une bille d acier
Plafond de verre
Aspirer l'air
Place de la Joliette
Un tatouage inachevé
La Bonne Mere sur un poignet
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