Une petite vidéo explicative du Code de Harry.
Un texte écrit lors des ateliers de la semaine noire à l'Alcazar, il y a un an. Autour du personnage de Dexter, justement.
"Ca me dépasse."
La nuit, la nuit de Floride,
épaisse comme du sirop, nous enveloppait. Au dessus de nous, très
haut dans le ciel flambaient les étoiles. Une lumière diffuse se
répandait sur notre bateau, bercé par le chant des grillons et le
croassement des crapauds.
Mon esprit se détacha alors
de mon corps, et je me mis à survoler les everglades,
rapide et léger comme une libellule. Je slalommai entre les grappes
de roseaux, avant de plonger dans les eaux vaseuses de la mangrove.
Je nageai un moment et malgré la visibilité réduite, je les
aperçus. Ils étaient bien là, les cinq sacs poubelles noirs,
proprement fermés et nettement alignés. Mon souffle se précipita
alors et je m'emparai du plus petit d'entre eux. Je bataillai un
moment avec le lien solide, tentant de l'arracher avec mes dents
avant de l'éventrer avec mes ongles.
La tête
était bien là, coupée net, bien proprement au ras de la mâchoire.
La peau, parcheminée, semblait sur le point de se détacher comme du
poulet frit. Le haut du crâne disparaissait sous une espèce de
toque de pourriture, mousse et cheveux mêlés. Elle semblait avoir
séjourné un long moment dans l'eau. Je la saisis alors et croisait
le regard vitreux de Harry.
Je
sursautai.
"J'ai
peur" murmurai-je, sans en avoir vraiment conscience.
"Je
sais, Dexter." répondit Harry bien vivant à mes côtés. "
Tu as déjà eu envie de tuer d'autres êtres vivants, son,
des humains par exemple?"
La tête tranchée et les
orbites décolorées de Harry.
"No, Sir."
mentis-je.
"C'est
bien, son, c'est que
le poison n'a pas encore fait son chemin dans ton esprit."
Mon
esprit était alors concentré sur Oliver Logan, oui, cet imbécile
qui ne cessait de m'interpeller dans les couloirs du collège.
J'entendais sa voix résonner dans ma tête.
"Hey,
Dex, you, freak! Y'know, you're a damn freak, fuckin' scary, man!"
Un red
neck qui sortait avec une cheerleader encore plus idiote
que lui, le genre blonde born again, officiellement réticente
à toute relation charnelle hors mariage mais officieusement
pratiquante de rapports anaux et buccaux dans le jacuzzi de ses
parents.
J'ai
pensé que ce serait bon de les avoir tous les deux sur une paillasse
de dissection comme le crapaud du cours de biologie. Il serait
intéressant de soustraire leurs extrémités une par une et
d'observer leurs réactions, voir les nerfs bouger même sectionnés
et peut être même leur coeur battre hors de la cage thoracique,
comme celui d'un batracien.
C'est
alors que je sentis mon sexe gonfler entre mes jambes. Mon visage
s'empourpra et je détournai mes yeux de ceux inquisiteurs de Harry.
"Tu
m'as rassuré, son, mais si jamais, tu avais une de ces
pulsions, viens m'en parler. Il y a peut-être un moyen de les
contrôler."
"Yes,
Sir" dis-je.
Harry
lança le moteur Evinrude du bateau.
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