vendredi, juillet 11, 2008

Mon père, ce héros au sourire si doux...



Changamusarderies au bord du Rhône et sous le pont d'Avignon. Du palais des Papes jusqu'au théâtre Antique d'Orange, le Lys de Shanghaï promène son spleen, caché sous des robes multicolores...Une seule couleur, rouge-crimson, pour la robe de Darina al Djoundi dans son one woman show "Le Jour où Nina Simone a cessé de chanter" et un coup de foudre. Je suis tombée amoureuse de cette femme splendide, émouvante comme une tragédienne, délurée comme un Gavroche qui raconte sa jeunesse incroyable pendant la guerre du Liban. Elle s'adresse à son père mort, intellectuel jusqu'au boutiste qui voulut élever sa fille en être libre dans un pays où "la virginité est le seul capital de la femme orientale". Ce père, elle le soustrait aux versets du Coran lors de la veillée funèbre parce que selon lui "un croyant est le pire des casse-couilles qui passe son temps à faire chier les autres sous prétexte qu'il veut aller au Paradis". Ce père, depuis son exil ou sa prison, lui défend de porter un soutien-gorge ou lui conseille de se déflorer elle-même afin qu'aucun homme ne puisse "l'ouvrir comme une cannette de Sprite". Ce père, la libère mais aussi la condamne, on ne peut pas être libre, quand on est la seule parmi des millions. L'histoire est tragique, la souffrance de cette jeune femme indicible et un long silence accueille le retour à la réalité, comparable à celui qui suit les images des massacres de Sabra et Chatila, à la fin de "Valse avec Bachir".
Une Libanaise, un Israëlien, une même génération, une même souffrance des deux côtés de la barrière. Mais je reste bluffée par le témoignage de Darina, après tout, n'est-ce pas une illusion que de vouloir la liberté totale lorsqu'on est femme que ce soit en Orient ou un Occident? Voir mes
pensées précédentes sur la question

Aucun commentaire: