dimanche, mai 09, 2021

Tout pour se rendre intéressante...

 



Je ne connais pas la musique mais je connais la chanson.

 

« Tu fais tout pour te rendre intéressante » « Arrête de faire ton intéressante »

 

Bien sûr que je fais tout pour me rendre intéressante, qu’est ce qu’il y a de plus intéressant que de se rendre intéressante.

 

D’abord, je me regarde, sans cesse, dans les miroirs, les fenêtres, les vitrines, l’eau des flaques. Je vérifie que tout est en place, mon maquillage, mes cheveux, je prends les poses des mannequins blondes aux yeux bleus des magazines, je cherche mon meilleur profil. Je ne quitte jamais mon poudrier que j’ai volé au Prisunic des Cinq Avenues, je fais des retouches maquillage six fois par jour.

 

Et puis je chante en play back devant le miroir, je connais des centaines de chansons par cœur, je retrouve les paroles en anglais à l’oreille . Devant mon miroir, je chante avec ma brosse à cheveux, je danse en soutien gorge et short en jean, je suis Madonna et mon public est en extase devant moi. Un parterre de milliers de spectateurs. Un jour, je danse et je saute si fort que le miroir accroché dans le couloir tombe et se brise en mille morceaux

 

« Tu es encore en train de faire ton intéressante »


 

Je pleure, je pleure quand mon père m’explique les maths, je pleure quand le prof tape sur ma table au premier rang pour avoir le silence, je pleure quand  Marc me quitte dans le vestiaire de foot, je pleure à table le soir et les larmes tombent dans ma purée mousline. Je pleure partout et tout le temps .

 

« C’est pas fini la comédie ? »

 

C’est une chanson de Dalida … « C’est fini la comédie ». Je rêve de pièces à succès dans le décor tout bleu d’un théâtre de banlieue. Je rêve d’être remarquée par un réalisateur à la fin d’une projection. Je rêve, je rêve, je rêve

 

« Et allez c’est parti pour l’acte 3 scène 4, tu devrais monter sur scène ou écrire des pièces »

 

Carnets Pierrot Love, machine à écrire, je fais défiler des mots, je fais défiler des phrases, je m’invente une vie que je n’ai pas.  Mes rêves deviennent réalité sur un plateau… Avril 2018, je te retrouve Isabelle 13 ans, tu es enfin là, je te serre la main très fort pour ne plus la lâcher.

 

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