dimanche, novembre 13, 2016

MAINOMENOS


There are dreams you can hardly shake off
Days and nights you can hardly let go without squeezing gold out of them.
I'm a water woman, made of rain and mist. This very rain I tried to hold before the moment I surrendered.
Ananké drove me to an icy land, leading the way to a wet forest. Ineluctable necessity whose footsteps I willingly followed.
Cold took hold of me the moment I stepped into his world, touching his hand, smooth as glass and cool as snow. This hand I took under my coral feathers to warm it up, the very coral taken from my sea swimming its way to his neck and settling on his reef.
Looking for his abandonned hand in the night again, the fingertips made to hit the right the key and the silky rosy arms where entertwined blue veins reminded me of some mysterious long-forgotten undergrounds. Cold again, as I contemplated his long slender body stretched under the cover, barely moving not the break the spell. Above him, I was breathing the intoxicating smell of the forest , above these child-like features, the rounded forehead, the swollen lips, taking as much as I could
before dawn hurt us both. Then, a giggle in the dark shook us off from sleep.
There were magnetic fields we had both trodden upon with earthly feet. My head on the pillow, the wet red -soiled forest was all around me again with its dewy smell. We weren't alone, the truth was down there, in the eyes of long-gone Gods, their names chanted as we walked up the sacred path, Mercury, the Deer God and the furious Mainomenos. We flew over the stone temple, a red-eyed roaring insect peeping at us in the haze. My rain suddenly started to fall and I woke up a woman.
Night again, clung at these arms' length again, his violent desire so mute and restrained, my body split, wrung by the opposite powers fighting inside . Cold was biting my skin and then I felt the dark swell of pleasure coming up, washing the reef, I let a barely human cry and then fell myself expelled from his body and mine . And there he was, Mainomenos, the Roaring God glaring his scarlet eye at me, burning me with his beastly breath. The room was filled with his feverish smell as I was swiping his scorching body, set ablaze with an everlasting desire. There he was, the immortal Saviour, the heroic and powerful Beast and there was nothing beyond the Beast, as Mainomenos was now feasting on our shivering remains. The Great Mother kissed our foreheads with her smouldering lips as we sunk into the depths of the forest again.



mardi, novembre 01, 2016

MAINOMENOS-ANANKE

MAINOMENOS. Cy Twombly.



 Il est des songes dont on ne veut pas se réveiller. Il est des jours et des nuits qu'on ne veut pas lâcher sans extraire l'or, l'essence d'un corps. Mon corps, mon âme sont faits d'eau, j'ai tenté de retenir mon âme comme de retenir mes larmes avant de rendre les armes. Ananké m'a prise par la main pour me conduire dans une terre embrumée. Ananké a  guidé mes pas dans une forêt mouillée . Ananké, nécessité inaltérable, fatalité. Le froid m'a saisie dès que j ai mis les pieds dans son univers . Premier contact d'une main glacée prise sous mon aile pour la réchauffer. Mon plumage avait la couleur d'une écharpe rose dragée, parfumée, souple et douce enroulée sagement à son cou désormais . Dans la nuit, cette main je l'ai cherchée, cette main abandonnée reliée à un grand corps . Les terminaisons des doigts longilignes faits pour frapper la note juste me fascinaient, tout comme me fascinaient ces bras soyeux couleur de rose où s'entrelaçaient des veines bleues comme des souterrains dans des bois inconnus.  Corps étendus sous les draps, morsure du froid encore. Contempler le front lisse, la pureté du profil, la bouche mi-close un peu renflée dans la candeur du sommeil,  ne  pas le réveiller,  ne  pas  le briser , juste le regarder, ne pas lâcher l'or, avant le mal d'aurore. Et soudain, dans le sommeil, le tintement d'un rire. Laisser mon esprit divaguer dans ces champs magnétiques ensemble parcourus . La tête en arrière sur l'oreiller, l'humidité de la forêt, l'odeur de la terre, la terre rouge, les arbres  verts, nous n'étions pas seuls, la vérité était là bas . La vérité s'est élancée dans l'oeil de Dieux Antiques, Mercure, Mainomenos, le Rugissant et Cernunnos le Grand Cornu. Voyager au dessus du temple de pierre, les yeux rouges de l'insecte vrombissant à travers le brouillard. Chemin dans la brume, Tmolos ou Thor, pluie j'étais, femme je suis devenue.
La nuit encore, à bout de bras portée, violence du désir tenu de l'homme,  corps tordu, broyé sous les impulsions contraires, froid mordant, enveloppant, sentir monter  la sombre vague du plaisir . Corps-océan roulant sa masse opaque, cri inhumain déchirant la nuit, projetée  en avant, éjectée  de lui et de moi-même, Mainomenos, soudain,  me contemplant de ses yeux étincelants et me brûlant de son haleine. Sauveur, chargé d'immortalité, la Bête héroïque et puissante, et plus rien au delà de la Bête, au Rugissant abandonnée. Odeur de fièvre, sueur ruisselante, odeur chaude, essuyer son corps constamment surchauffé.  Etreinte de l'angoisse du monde, sanglots contenus lorsque encore en état d'épuisement  le désir nous rattrape. Ceridwen brûle nos fronts de son
baiser et  nous engloutit dans le sol glissant de la forêt pour y renaître à jamais.
Ananké, nécessité inaltérable, fatalité.