Et n'oubliez pas HOT FIDELITE c'est ICI ET NULLE PART AILLEURS;
Haute fidélité?
Je fais de tout..un peu, parfois bien, parfois mal, mais jamais à fond, que ce soit dans un sens ou dans un autre. Je suis plutôt douée pour imiter, alors çà passe...j'imite l'accent des présentateurs BBC, la voix de Jeanne Moreau, je pique à ma soeur sa recette de moelleux au chocolat et à Brigitte Bardot, son chignon-bordel.
Je suis de taille moyenne, ni moche, ni belle. Ha oui, je suis aussi une "blonette", ni blonde, ni brune. Je suis "the girl next door", average est un bon adjectif pour me décrire, dans la moyenne.
Ni trop barrée, ni trop rangée. Je ne fais rien de mal mais rien de bien non plus.
Il y a quand même eu une activité constante dans ma vie, c'est la danse : toutes les danses d'ailleurs. Ce n'est peut être pas pour çà que je suis le plus douée, je suis gauche, j'ignore ma droite et je suis incapable de la moindre représentation dans l'espace. Si on teste mon QI, je pense que je suis entre l'huître et la mouche.
Toutes les danses à la mode furent donc par moi pratiquées, avec plus ou moins de bonheur. Mais c'est un fait, j'adore danser, j'adore la musique et puis surtout, surtout, j'adore les musiciens. Cà ne m'a pas toujours porté chance : un air entraînant Khaled ou Salif Keita au choix, un type aux yeux de braise ou d'océan au choix ( oui, je suis moyenne jusque dans mes métaphores), un mojito ou un daiquiri vanille, il ne m'en faut pas beaucoup, voilà je suis partie, je suis foutue.
Un exemple au hasard, enfin là, y avait pas encore de musicien mais c'était déjà gratiné. J'ai vingt ans, je débarque à Londres dans une YMCA où se mêlent des tas de gens. Là BAM!,je tombe sur ce grand irlandais sublime, Damien (prononcer Dei-mien). On l'aurait dit sorti tout droit de l'océan, d'Ys engloutie ou d'Avalon, il m'aurait qu'il s'appelait Galahad et qu'il était le fils de Vivianne, je l'aurais cru. Teint de lait piqueté de bleu, pull en bouclettes d'Aran. BAM! Il fonce vers moi, j'entends You're Unbelievable d'EMF craché par les hauts-parleurs du lounge. Et là, je suis raide-dingue, amoureuse voilà comme çà BAM! Et vous savez pourquoi? Parce que pour une fois, le type le plus craquant de l'assemblée, le hunk of the month, est pour moi! Plus tard, je me retrouve dans sa room ten thirteen, avec des O'Rourke, des O'brien et des O'Machins à fumer des joints. Ils m'exhibent avec fierté une rubber bullet, une de ces balles en caoutchouc que l'armée de sa Gracieuse Majesté tirait sur les manifestants nationalistes en Ulster. La taille de l'objet me fait tomber encore plus profondément amoureuse de lui, je le trouvais fort et courageux. Amoureuse dingue que j'étais, prête à aller m'enterrer à Cork avec lui, à élever des putains de moutons sous la flotte, et Dieu sait y flotte plus qu'à Londres dans son bled. J'étais même prête à brailler Ellis Island dans les pubs et à reprendre le refrain.
This is the last call for Ellis Island/ These are the last words I ever hear you say
"Voilà les derniers mots que je t'entendrais prononcer;" et bien les derniers mots ont été : Beat It, casse-toi pauvre conne, il m'a jetée ce son of a bitch, dès que de nouvelles françaises se sont pointées dans la YMCA,Don't leave me now l'ai je suplié, en écho à la chanson de Supertramp mais tu parles, Nevermind the bollocks, OUT la Frenchie in the pouring rain, comme il se doit.
Bon, après çà, tu crois que la fille est guérie, qu'elle se dit "Bon, fini les conneries, écoute un peu ta mère et les bonnes gens, trouve-toi un gentil gars et arrête de courir après des blousons noirs, des voyous, des dealers, des homos refoulés et des révolutionnaires à la noix."
Les gens ont rien compris, c'est pas après les hommes que je cours, c'est cette foutue musique qui me met dedans a chaque fois.
Dix ans plus tard, je réalise que le modern-jazz, c'est plus vraiment de mon âge et que m'accrocher encore devient pathétique. Partout dans Marseile, ma dirty old town à moi, des flyers pour des cours de danse orientale. Ni une, ni deux, je me ruine en tenues à sequins qui se détachent au moindre pas de chameau et je me paye le stage en "Rêve d'Orient" à Marrakesh avec le grand Zaza Hassan. Au bout de deux jours, délestée de 1200 euros et lassée de me faire désigner par le Maître sous le nom de Meryem (sobriquet dont il affuble les 150 participantes au stage), je me réfugie au bar de la piscine. Après avoir commandé un thé à la menthe, je me prends à rêver à une journée de paresse dans les vapeurs du hammam et puis je le vois, LUI, négligemment accoudé. Boucles noires en astrakan véritable, yeux de fauve de l'Atlas en voie d'extinction, dents resplendissantes et haleine de réglisse Saveurs du Soir. Oeillade veloutée numéro 22 bis, je me retourne pour voir s'il n'y a pas Gisele Bundchen derrière moi. Négatif, je suis officiellement en train de me faire draguer. On danse sur un ersatz de David Guetta, remixé à la derbouka. Je lui hurle aux oreilles des questions qu'il ne comprend pas, hé bien, tant pis après tout, j'ai dix ans de plus, sa vie de péquenot de l'Ourika, je m'en tasse et pas qu'un peu. Je bois des mojitos sous-dosés, à croire qu'il faut être millionnaire (pas en dirhams) pour se biturer un minimum dans cette ville. J'en bois quand même assez pour me retrouver dans son lit. Remarque, j'ai pas regretté le voyage, oula, non, taillé comme un statue de la Grèce Antique qu'il était ( les Grecs ont envahi le Maroc non?), des abdos tout chocolat, des fesses comme des melons et une peau parfum caramel beurre salé s'il vous plaît. Et bien, je tombe dans le piège à gazelle, vous le croyez? Pourtant c'est pathétique de se taper le Géo local, qui pige walou en français, tout çà parce qu'on est seule et qu'on s'ennuie. On se jure de se revoir, je lui envoie deux mails auxquels il ne répond pas. Khlass, terminé.
Dix ans passent, vie normale de girl next door, peu de sexe, beaucoup de city et du boulot par dessus le brushing. La musique vient de temps en temps me gratouiller et me chatouiller. Je me mets à la danse africaine. Là je me dis, ouf pas de danger, les nanas sont des thons, il faut dire ce qui est, poil aux pattes et aux aisselles, et puis la salle de danse PUE la sueur au bout d'un quart d'heure, bienvenue au Carmel. Hé bin, vous savez quoi? Y a des MECS dans les cours. Oh c'est sûr, ils n'ont rien de bien folichon à première vue, portent des jeans pourris, des pulls informes et roulent de pitoyables clopes mais ce sont des Djembe Fola, ma bonne dame, des musiciens. Le djembé, c'est à la mode, vous tomberez toujours sur un couillon plein de ganja, qui tapote vaguement sur la plage en se croyant seul au monde mais en jouer vraiment, correctement, c'est une autre histoire. Pour faire danser, il s'agit de tenir la cadence et je vous garantis que çà chauffe dur dans la salle. Au début le Djembe Fola, arrive les doigts gourds, insensibles à force de taper. Il est habillé comme un vieux tas de chiffons sales et on le calcule même pas. Et puis petit à petit, il cale son jeu sur les pas des danseuses, il lance ses appels de plus en plus fort et il fait quarante-cinq degrés au mois de Janvier. Cà pue de plus en plus, chaque appel fait monter la sauce, le rythme vous chope le cerveau et vous vous barrez très loin. Et là, juste avant de décoller, vous jetez un oeil et le Djembe Fola a viré son pull de clodo et il est torse-nu! Alors là, accrochez-vous les filles, parce que c'est du lourd, des bras de Djembé Fola. C'est pas des bras de cake qui soulèvent de la fonte, non...quelle que soit la couleur du type, les muscles sont tout fins, gonflés juste ce qu'il faut avec des veines terribles...impossible de ne pas craquer. En plus, quand vient la fin du morceau, le summum c'est d'aller chauffer les percus en leur collant les fesses sous le nez. Plus les musicos augmentent la cadence, plus les fesses tremblent sous les pagnes, jusqu'au coup final, je vais pas vous faire un dessin sur l'étendue du symbole.
Je suppose que tout le monde a deviné, j'ai craqué pour le Djembe Fola aux cheveux poivre et sel et aux bras d'acier. Il avait la peau douce comme celle d'une fille et de vraies mains d'or, très douées pour les massages, d'ailleurs. Il avait juste un peu oublié de me dire qu'il était marié, ce con. Il m'a juré 20 fois de la quitter, au bout de la 21ème, c'est moi qui suis partie. Sur son mur Facebook, j'ai posté une chanson de Madonna
Please, don't say you're sorry.
I've heard it all before.
And I can take care of myself.
Madonna ou Lady Gaga, tiens j'irai danser à la Gay Pride, demain, aucun risque comme çà...quoique...je me souviens d'une fois...