Je ne vis plus.
J'ai reçu cet email
de quelques mots Ne viens pas, je n'ai pas de sentiments pour toi,
je ne répondrai plus.
Tu mens, tu mens
comme tu respires, je ne sais pas pourquoi. Cà n'a jamais été
fini, raisonne tant que tu veux, je ne te crois pas. Je te le répète,
il n'y a que toi, que toi je ne pense qu'à çà, je ne pense qu'à
toi, je me fous du reste, tu peux me dire d'aller me faire voir tant
que tu veux, je m'en fous. tu peux bien faire le malin, je sais bien
que quelque part tu m'aimes encore . Et tu peux pas me laisser comme
çà, c'est pas possible.
Ma
douleur est immense, j'ai l'impression que mon être entier s'est
décomposé. Mon coeur a explosé dans ma poitrine en fleurs de sang.
Mon coeur s'est brisé. Elle est étrange cette expression, tellement
cliché, c'est un briseur de coeur, la petite sirène sentit son
coeur se briser. Et pourtant, je les sens, je sens les morceaux
épars dans mon sein gauche et la douleur est insupportable. Une
angoisse insurmontable m'étreint, une lame de fond qui ravage tout
sur son passage, me soulève comme un morceau de bois flotté et me
jette sur le lit, le corps secoué de sanglots incoercibles. J'avais
cru, j'ai cru, tellement, tellement pouvoir faire ce que je voulais,
invincible derrière mon écran, protégée par ma carte bleue, mes
euros et mes certitudes. Je commence à peine à voir mon erreur, mon
aveuglement. Personne, personne et moi y compris, ne peut
s'affranchir des lois tyranniques et inconnues qui dirigent nos
destins. Qu'est-ce que j'ai cru? Je n'irai jamais au Maroc, je ne le
verrai jamais je ne saurai jamais quel goût à sa peau, quel odeur
est la sienne. Mon amour ne passera jamais en trois dimensions.
Et
que me reste-t-il à présent? Quelques photos de plus à contempler
: une pose devant une porte décorée d'arabesque, une autre à une
table dans un patio et puis c'est tout, c'est tout, c'est tout, il
n'y a plus RIEN, rien, bordel, plus rien. Je ne peux que me noyer
dans la contemplation de ces traits adorés, incapable de couvrir sa
photo de baisers puisque tout est sur mon écran, tout est virtuel,
rien n'est réel, rien n'est palpable, tout est fugace. On pouvait
s'aimer dans ce no man's land, ça oui mais dans la vraie vie, non,
non, non, il le savait et IL LE SAVAIT dès le début. Mon coeur, mon
Dieu, mon coeur que çà fait mal, c'est pas possible, je vais en
mourir, je vais crever là sur ce lit.